Quatre femmes de 66 à 75 ans atteignent le camp de base de l’Everest!

Wednesday 18 December 2024 |

Avez-vous entendu parler de ce projet audacieux du Centre de recherche sur le vieillissement du CIUSSS de l’Estrie – CHUS et de l’Université de Sherbrooke?



Il s’agit d’une étude interdisciplinaire sur le vieillissement, initiée par Eléonor Riesco, chercheuse et codirectrice scientifique du Centre de recherche sur le vieillissement (CdRV) et professeure à la Faculté des sciences de l’activité physique (FASAP) de l’Université de Sherbrooke (UdeS). La professeure-chercheuse caressait l’idée d’un tel projet depuis plusieurs années. Avec cette recherche, elle veut démontrer que le vieillissement en soi n’empêche pas de se dépasser et de relever des défis de grande ampleur. Ce projet permettra de combattre les stéréotypes liés à l’âgisme en démontrant qu’avec une préparation adéquate, les personnes aînées sont tout aussi capables de relever des défis qui, instinctivement, pourraient nous sembler réservés à des personnes plus jeunes. 


Pour promouvoir une vision positive du vieillissement et démontrer que vieillir n’est pas un frein au dépassement de soi, Eléonor Riesco et son équipe ont sélectionné quatre participantes, âgées entre 66 et 75 ans. Leur défi : atteindre le camp de base de la plus haute montagne du monde! 


Après une évaluation initiale de leur condition physique et leur éligibilité médicale, les participantes se sont préparées plusieurs mois en vue de cette expédition. Encadrées par un kinésiologue, elles ont réalisé un entraînement progressif visant à améliorer leur endurance musculaire et cardiorespiratoire. Grâce au psychologue de l’équipe, les participantes et toute l’équipe de recherche ont également pu bénéficier de formations visant à les préparer au choc culturel d’un voyage dans un pays dont les coutumes et la réalité sont si différentes des nôtres. 


Le 13 novembre dernier, Réjeanne, Bernadette et les deux Jocelyne* ont réussi cet exploit! Ces quatre résidentes de l’Estrie ont atteint le camp de base de l’Everest situé à 5 364 mètres d’altitude! 


Une équipe diversifiée et de précieux partenaires 


Bien sûr, pour entreprendre une telle aventure, la chercheuse en charge du projet s’est entourée d’une équipe diversifiée : chercheurs en psychologie, kinésiologie et neurosciences, médecins spécialistes de la haute altitude et, aussi, de précieux partenaires tels que l’Association du Québec à Compostelle, le Comité des aînés du CdRV et une guide-sherpa népalaise (voir l’encadré ci-bas pour plus de détails). Également, ce projet d’envergure n’aurait pu être réalisé sans le soutien financier de la Fondation vitae du CIUSSS de l’Estrie – CHUS, du CdRV et de la FASAP.


Des mesures prises chaque jour pour évaluer les participantes


Les chercheuses et chercheurs du projet Mont Everest se sont intéressés aux aptitudes physiques et cognitives des personnes vieillissantes et à leur capacité d’adaptation aux expériences nouvelles et aux défis, dans un contexte où leurs limites sont repoussées. Pour analyser ces données, l’équipe de recherche a réalisé plusieurs tests, mesures et observations tout au long de l’expédition :  tolérance à l’altitude, activité cardiaque, fonction pulmonaire, dépense énergétique, capacités cognitives (mémoire, vitesse de prise de décisions, etc.), qualité du sommeil, état psychologique et adaptation culturelle. Également, chaque jour, les participantes devaient tenir un journal personnel. 

Une fois analysées, toutes ces données permettront à l’équipe de recherche d’améliorer les connaissances scientifiques sur la capacité d’adaptation des personnes aînées dans toutes les sphères touchées.

Tout un défi que cette expédition!


Quatorze jours d’expédition pour l’ascension et la descente. Des journées de marche de 8 à 10 heures. L’oxygène qui se raréfie. Des dodos dans des lodges (chalets) non chauffés. Tous les membres du groupe, jeunes et moins jeunes, sont sortis de leur zone de confort. 


« Il y avait des difficultés, c’est certain. Ce n’était pas facile avec le manque d‘oxygène et les grands dénivelés. Mais je trouvais que c’était tellement beau que mon cerveau était plus là que dans le reste. Ce n’était même pas une question de me demander si je continuais ou non. J’ai vécu du grand bonheur et je voulais rester dans le moment présent », raconte Jocelyne, l’une des participantes. (Témoignage recueilli par le journal La Tribune.)


Les défis quotidiens ne manquaient pas. La fatigue s’accumulait un peu plus chaque jour et les problèmes de santé se sont mis de la partie.

« Il y a eu de la gastro, des bronchites, de l’irritation et la toux du Khumbu... tout le monde a été affecté par quelque chose », a expliqué la Pre Riesco. (Citée dans La Tribune.)

Les médecins de l’équipe étaient là pour prendre en charge les personnes atteintes d’un problème de santé et s’assurer que tout le monde était en sécurité.

Des personnes aînées résilientes


C’était une hypothèse de départ, et l’initiatrice du projet ne pense pas s’être trompée.

« Les participantes aînées s’en sont mieux sorties psychologiquement que le groupe de recherche », affirme la chercheuse Eléonor Riesco, sans hésitation. (Citée dans La Tribune.)


Retour lumineux et suite de la recherche


Le 24 novembre dernier, les quatre participantes sont revenues chez elle le sourire aux lèvres et les yeux lumineux, fières d’avoir accompli cet exploit hors du commun. Elles en conserveront des souvenirs inoubliables. Et par leur résilience, elles auront démontré que la vieillesse n’est pas une montagne infranchissable!
 

« C’est l’expédition de ma vie. J’en ai fait quelques-unes, mais celle-là était marquante à cause de sa complexité. Pour moi, c’était un grand défi », raconte Réjeanne qui a célébré son 75e anniversaire durant l’expédition. (Témoignage recueilli par Radio-Canada, ICI Estrie.)


Les chercheurs et chercheuses du CdRV et de l’UdeS vont, dès cet hiver, commencer à compiler et à analyser les mesures récoltées avant, pendant et après l’expédition. Les données physiques devraient être rendues disponibles cet hiver, selon Eléonor Riesco. Les données qualitatives, elles, devraient être accessibles dans plusieurs mois, car l’équipe de recherche devra éplucher les journaux de bord des participantes.


Un projet à suivre…

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L’étude Expédition en haute altitude : quand vieillir rime avec dépassement de soi, dirigée par Eléonor Riesco, a vu naître des collaborations essentielles, dont celle de Caroline Francoeur (LIPPA) et Jacinthe Richard (cochercheuse citoyenne; Association du Québec à Compostelle), qui ont aidé au recrutement des participantes ainsi qu’à bâtir le projet, et Tashi Sherpa, responsable de l’animation culturelle durant l’expédition. 
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L’étude compte aussi sur la contribution de cochercheuses et cochercheurs : Benoît Côté, pour son expertise en adaptation interculturelle; Mélanie Levasseur, pour son expertise en participation sociale; Dr Warner Mampuya, pour la supervision médicale au cours des tests d’effort; Andrée-Anne Parent (UQAR), physiologiste de l’exercice qui se spécialise dans la réponse à l’effort en contexte extrême; les médecins Marie-Kristelle Ross et Rob Casserley, qui ont coordonné toute la logistique liée à l’ascension; et Félix-Antoine Savoie, expert en neuroscience (UQAR et axe « géroscience » au CdRV). L’équipe a également été soutenue par le kinésiologue Hugo Parent-Roberge, qui agit aussi à titre de coordonnateur pour la Chaire de recherche pour un vieillissement.


* Les noms de famille des participantes ne sont pas identifiés afin de respecter le protocole de recherche.
 



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