Nouvelle chercheuse : Annie Carrier, à l’interface
mercredi 01 novembre 2017 | ActualitésComment notre action peut influencer le milieu de pratique professionnelle, et vice-versa
Quand elle travaillait comme ergothérapeute en CLSC, Annie Carrier s’est demandé quels étaient les droits des utilisateurs de services face aux listes d’attente. Cette question l’a amenée à s’interroger sur les critères pour accéder aux services à domicile et l’impact que ces critères avaient sur le raisonnement clinique d’un professionnel de la santé, c’est-à-dire le processus cognitif qui le guide dans ses choix d’intervention. Puis une question en a amené une autre, et de fil en aiguille, elle a complété deux maîtrises (une en droit et en politiques de santé et une en sciences cliniques), un doctorat en sciences cliniques, un diplôme de 3e cycle du microprogramme en pédagogie de l’enseignement supérieur et un post-doctorat sur la façon efficace d’influencer les décideurs organisationnels et politiques (transfert des connaissances systémique).
Influences
Aujourd’hui chercheuse au CDRV (axe Autonomisation) et professeure à l’École de réadaptation de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke, elle continue de s’intéresser aux interfaces entre les contextes et les personnes. Son expertise porte sur l’influence des aspects institutionnels (ex : les lois, les règlements, les procédures administratives et les modalités d’organisation des services et du travail) dans la prestation des interventions de première ligne visant les aînés.« Le contexte de travail d’un intervenant va influencer ses choix dans les éléments qu’il évaluera et sur lesquels il interviendra, dit-elle. Par exemple, si un professionnel ne dispose que de 10 minutes pour faire une série de tâches à domicile, il risque de fermer les yeux sur des tâches secondaires qui pourraient pourtant entrer dans son expertise et répondre à des besoins importants pour l’aîné. L’intervenant se concentrera plutôt sur l’action clé qui répond à la demande qu’on lui a faite au départ. Ce faisant, il réduit l’étendue de son acte pour répondre à l’exigence liée au volume de service qu’il doit fournir, au détriment des besoins de la personne.»
Optimiser la performance
Après s’être intéressée de près à la dynamique propre aux ergothérapeutes, Annie Carrier va étendre son champ de recherche aux autres intervenants, tels les travailleurs sociaux et les médecins. Sa programmation de recherche est d’importance dans un contexte de grands changements institutionnels. « Qu’est-ce qui arrive aux aînés qui ont des besoins auxquels on n’a pas répondu?, demande la chercheuse. On parle beaucoup d’accessibilité et de volume de services. Ne risque-t-on pas de n’offrir que des services en surface? Est-ce que ces services répondent aux « vrais » besoins des aînés? »Transformer son milieu
La professeure Carrier s’intéresse également à la capacité des personnes d’agir en tant qu’agent de changement pour modifier le contexte institutionnel dans lequel elles évoluent. « Ma programmation contribue à l’identification des aspects contextuels à améliorer (axe 1) et des actions porteuses de changements (axe 2). « Par exemple, je peux accompagner un groupe de personnes qui veut faire adapter l’offre de services de façon à mieux répondre aux besoins des aînés », dit-elle. Ses travaux lui ont mérité le Prix Ergothérapeute de l’année 2017 au Québec de l’Association canadienne des ergothérapeutes.À lire aussi :
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